20 Décembre 2012, Dublin.
Mademoiselle Adamsberg,
Au nom de la compagnie Aerodance, je vous annonce que votre candidature a été retenue, pour participer à notre nouveau spectacle. Vous intégrerez officiellement la troupe dès le lundi 12 janvier 2013, lors des répétitions se déroulant à Dublin. Tous frais extérieurs au spectacle sont bien évidemment à votre charge.
Au plaisir de vous voir sur scène. Cordialement.
Daniel BelstramVoilà la lettre qui changea ma vie,. Depuis ma plus tendre enfance, je rêvais de grandes scènes et de grands opéras, de danser pour les plus grands sous les yeux de public en délire, venu uniquement pour me voir. Ainsi quand j'ai aperçu cette annonce de casting virtuel sur internet, j'ai saisi ma chance. Quelques photos, e-mails et vidéos plus tard, la confirmation papier venait de tomber. J'allais pouvoir réaliser mes plus secrets désirs. Mais le plus dur, restait à passer, restait à annoncer. Comment expliquer à ses parents que je quittais la Suède pour l'Irlande, que j'abandonnais mon job de comptable chic et branchée dans la grande entreprise familiale pour saisir ma chance et n'être que peu sûre du lendemain ? Je ne l'ai pas fait, je suis partie sans adieu ni regard en arrière, un simple mot sur le buffet. Ne dit-on pas que de court adieux valent mieux que de grand au revoir. Je ne voulais pas les faire souffrir, ainsi je me suis enfuis. L'explication eu lieu plus tard, lors de la découverte du petit gribouillage. Un mélange de cris, de pleurs, de joie et de désespoir, un savant micmac dont seule mes parents connaissaient et connaissent, je pense, encore aujourd'hui le secret. Leur ton était chargé d'amertume, de déception, de regrets. Mais ils me faisaient confiance, enfin me le laissaient croire. Ils espéraient j'en suis sûr que je revienne au nid, que je me rendes compte de mon erreur et face demi-tour. Au fond, c'était mal me connaître, j'avais tiré un trait sur ma petite vie rangée. Préférant et de très loin, l'aventure qui commençait pour moi.
4 mois plus tardMa vie rêvée est un enfer, tous ces désirs, ces passions que je voulais révéler, affirmer se retrouvait détruite. Les premières semaines furent exceptionnel, mais bientôt le stress, la compétition, la rigueur prient le dessus sur le plaisir. L'argent ne coulait pas à flot et je ne pus très vite payer mon loyer. J'abandonnais ainsi mon cocon en construction pour l'hôtel. Je mentais à ma famille, à mes amis, ne désirant pas leur montrer mes erreurs. J'étais trop fier, pour m'avouer vaincu, trop orgueilleuse pour m'abouter perdue. Je baissais la tête, serrant les dents et acceptant les coups. L'orage allait bien finir par passer, il fallait juste attendre.
Aujourd'huiÀ l'heure actuelle, rien n'a vraiment changé. La vie est toujours aussi difficile, mais la rage au ventre je ne vais rien lâcher. J'aime mon métier, la scène et le public. Certes je souffre en silence, je pleure devant la glace, mais cela fait ma force. Depuis quelques jours j'aperçois la lumière au bout du tunnel, un gros spectacle est en préparation, les cachets seront plus conséquents et qui sait je retrouverais peut-être le chemin de ma vie idéale. Si cela ne se faisait pas, je replierais mes affaires, direction la demeure familiale. Je retrouverais ma place au sein de ma famille, mais ça, je ne le désire pas. Cela ferait bien trop plaisir à mes parents...